Iran-Sublime découverte

Téhéran

Arrivé dans la nuit, je suis la file et me présente au douanier avec mon passeport et mon e-visa, me disant, enfin j’y suis ! Mais cela aurait été trop facile. Le douanier me regarde à peine et me renvoie au bureau des visas ou je passe encore une heure ou deux à valider mon visa, acheter mon assurance, payer les frais, etc…

Je négocie un “taxi” et voilà, j’y suis, je file vers Téhéran, République islamique d’iran. De tous les pays c’est celui, que je trouve le plus intrigant, pour lequel j’ai le plus de questionnement, d’appréhension peut-être ? Le pays est tellement diabolisé en occident, la situation politique étant particulièrement tendue dû au nouvel embargo décidé par le plus grand crétin que l’occident ait connu (enfin, décideur est un bien grand mot pour un mouton d’Israël), que je ne sais à quoi m’attendre avec ce gouvernement autocratique et répressif des ayatollahs. Mais le peuple iranien, à part dans quelques bastions religieux, n’est en aucun pas représentatif de son gouvernement, je vais vite m’en rendre compte.

Je passe les trois premiers jours à Téhéran, le temps de me reposer un peu et de ressentir le pays, l’ambiance. Première constatation, c’est une ville très moderne, de grandes avenues, un métro très efficace, beaucoup de magasins, de banques. Téhéran n’est pas une très belle ville, mais pour les amateurs, il y a de nombreux musées à visiter. Pas trop mon truc, alors je prends le métro pour le nord de la ville et son souk. Je suis au pied des montagnes et plusieurs randonneurs re-descendent du mont Tochal.

En me promenant dans les ruelles, je tombe par hasard sur la Mosquée Imamzadeh Saleh. L’architecture de ces lieux de culte est tout simplement superbe, imaginer le travail qu’il faut pour assembler ces milliers, voir millions de carreaux de mosaïque est époustouflant. Le souci du détail, les couleurs, les formes, tout est harmonieux.En quittant la mosquée, je me retourne une dernière fois, et dans mon champs de vision j’aperçois, et la mosquée, et un panneau montrant des billets verts et drapeaux de l’oncle Sam qui brûlent . Religion et propagande font bon ménage chez les ayatollahs.

De retour à L’auberge, je retrouve Carlos que j’avais croisé aux douanes. Première fois que je rencontre un mexicain en un an de voyage, deux en fait, car Jozef se joint à nous un peu plus tard. Nous partons ensemble pour la journée avec pour première étape, changer de l’argent. Pour une raison inconnue, la police a débarqué la veille pour fermer tous les bureaux de change. A vrai dire, il sont ouvert mais ils refusent de changer aux étrangers. Peur, consigne ? va savoir. Par contre pas de problème dans la rue, nous sommes interpellés tous les dix mètres et négocions rapidement un taux correct. À cause des problèmes récents, le rial joue au yoyo et varie tous les jours. C’est, pour nous touristes une aubaine, mais une catastrophe pour les iraniens, qui voient les prix exploser. Toujours est-il que je me retrouve multi-millionnaire, c’est pas beau ça ! hé oui, 24 millions de rials dans mes poches. C’est beaucoup de billets mais c’est seulement 150 euros.
Nous continuons notre promenade dans la ville et le grand bazar, dégustant un sandwich par ci, une pâtisserie par là, un jus frais ou un “doogh” (prononcez dourrr), lait fermenté et souvent agrémenté de feuilles de menthe, délicieux et rafraîchissant.
Je décide de commencer mon voyage en Iran par la vallée d’Alamut, dans la chaîne des monts Alborz. J’ai, grâce à Guillaume, une bonne adresse dans le petit village de Zarabad.Comme je m’entends bien avec Carlos, qu’il n’a pas vraiment de route prédéfini et que j’aurais plaisir à partager mon voyage avec quelqu’un, je lui propose d’embarquer avec moi pour les prochains jours.

Vallée d’Alamut et Zarabad

Nous prenons le bus le lendemain pour Qazvin, puis attrapons un taxi pour Zarabad, un bon vieux tacot avec “seulement” 750.000 kms au compteur. Et ça roule, et encore mieux, ça freine ! Nous sommes dans les montagnes et ce sont plus les descentes qui m’inquiètent, mais pas de problème, nous arrivons à bon port et guidés par un gamin du village, posons finalement nos sacs dans LA plus belle auberge de notre séjour, Seven Ghesthouse. Anita et Milad ont bâtis de leur main une maison traditionnelle des plus accueillante. On s’y sent immédiatement à l’aise, le lieu est reposant, le thé et les repas, préparé par Anita, son délicieux, C’est un véritable hâvre de paix. Nous y faisons, en plus, la rencontre de Florence et Nathalie, deux super chouettes jeunes femmes de Belgique. C’est avec grand plaisir qu’elles décident de nous accompagner pour grimper le plus haut sommet du coin, le mont Kashchal à 3950 m et 2000 m de dénivelé. Anita et Milad nous conseillent de prendre un guide parce qu’en cette saison, il y a énormément de brouillard et on peut facilement se perdre. Donc, lever au aurore le matin, mais le guide nous informe que la journée risque d’en être une de pluie et de neige et qu’il est mieux de remettre ça au lendemain. Nous changeons donc nos plans et partons avec Anita faire le tour du village et des jardins alentours. L’après-midi, Carlos et moi , allons visiter le château des assassins, finalement très peu intéressant, vu le peu qu’il en reste. Le canyon sur le retour, semblait beaucoup plus prometteur, mais nous avons malheureusement manqué de temps.

Malgré un temps qui semble similaire à la veille, nous partons confiants au petit matin le lendemain suivant. Les premières heures sont dans la purée de pois et le crachin, mais arrivés sur un plateau, nous avons le grand bonheur de nous retrouver au dessus des nuages. Et le reste de la journée sera féerique. La fatigue accumulée, due au manque de sommeil, me forcera à m’arrêter 200m avant le sommet, mais j’en profite pour admirer le paysage qui s’offrent à moi et prendre des photos. Une fois tout le monde réunis, nous partageons un thé bien chaud avec le pain traditionnel et quelques légumes, puis redescendons vers la vallée en admirant le coucher du soleil. Nous finirons notre périple à la frontale, suivant notre guide, qui connaît, et voit ,je ne sais comment, les raccourcis.

Anita nous accueille avec un délicieux repas au poulet, et surprise, un gâteau pour ma fête. Je suis vraiment touché par l’attention. Nous commençons en fait par le gâteau, car il est tard, et les deux filles de nos hôtes, n’en peuvent plus d’attendre pour souffler les bougies et manger une grosse part de gâteau avant de filer au lit.

On souffle ensemble

Carlos et moi décollons le lendemain, direction Kermanshah dans le Kurdistan Iranien. D’après Milad, il y aurait un bus de nuit au départ de Qazvin. Malheureusement, à notre arrivée au terminal, il n’y a pas de bus de nuit prévu ce soir et pas même de bus avant le lendemain. Notre chauffeur nous propose de nous amener sur un grand axe ou nous pourrons attraper un bus venant de Téhéran et allant vers le Kurdistan. Et nous voilà, au bord de l’autoroute, demandant à chaque bus qui passe sa destination. Heureusement, nous rencontrons un iranien anglophile, qui nous explique qu’il n’y pas de bus direct pour Kermanshah, mais que le bus qui vient d’arriver peut nous rapprocher. Nous sautons aussitôt à bord. Nos voisins nous demandent où nous allons et ce que nous faisons en iran. Par contre le chauffeur de bus tente de nous escroquer en nous chargeant 500.000 rials par personne, le double des autres. Semblant voir le problème, mon voisin me demande combien nous avons payé et constatant l’arnaque file voir le chauffeur pour réclamer que l’on soit remboursés. J’ai vraiment senti que les gens autour de nous étaient choqués que l’on ait essayé de nous entuber et le gars à mes côtés a même appelé un ami à lui parlant anglais couramment pour lui demander de nous expliquer la situation et de s’en excuser. Version du chauffeur: il pensait que nous étions des sans-papiers, et il nous a d’ailleurs remboursé après vérification de nos passeports, ben oui toi!

Nous commençons à somnoler quand un gars arrête le bus à un carrefour et nous dit que nous devrions descendre ici et attraper un autre bus pour Sanandaj, à une centaine de kilomètres de là vers le sud, eux continuant vers la direction opposé. Nous remercions nos bons samaritains, attrapons nos sacs et filons dans la nuit à la recherche de ce possible bus. Fatigués et tannés d’attendre, nous négocions avec un type dans un restaurant pour qu’il nous emmène à Sanandaj jusqu’à un hôtel dans le centre-ville. Tout se passe bien, nous rigolons et chantons avec le chauffeur, mais arrivé au terminal des bus à la périphérie de Sanandaj, le saligot nous réclame plus de pognon pour aller à l’hôtel. Nous essayons de lui expliquer que nous nous étions entendu sur le prix, mais rien à faire, alors nous débarquons et attrapons un taxi, pour finalement, arrivés à Sanandaj vers 22 h. Enfin !

Sanandaj

Nous passons la matinée à nous promener dans la ville où la plupart des hommes sont encore en habits traditionnels et commençons à planifier pour aller dans les villages alentour. 

                        

Marivan

Je contacte via Couchsurfing, Ramid, qui vis à Marivan et accepte de nous héberger, nous deux et un couple de jeunes allemands rencontrés à l’hôtel, pour deux nuits. Nous arrivons en fin d’après-midi au terminal de Marivan, et assistons, estomaqués, à une bagarre entre chauffeurs de taxi. Les poings, le sang et les molaires volent, ça cogne sérieux. les camps se forment, certains tentent d’apaiser la situation, d’autres sortent les bâtons, et finalement, les flics débarquent, les choses se calment et Ramid arrive. C’est un jeune prof d’Anglais qui travaille dans un institut privé. Nous partons nous promener au bord du lac Zeribar en compagnie de sa superviseur et de son mari, le mari de sa superviseur, pas de Ramin (donc j’ai malheureusement oublié les noms, une fois de plus) puis sommes invités à dîner chez sa mère, la mère du mari de la superviseur de Ramin, ok ? C’tu clair ?.

Le soir, Ramin, nous emmène dans un mariage. Nous sommes aussitôt entourés d’enfants et de parents voulant savoir d’où l’on vient, ce que l’on fait, pourquoi L’iran, Qu’est ce que l’on en pense ? les sempiternels questions et égoportraits mais les gens sont tellement adorables que c’est un plaisir de leur répondre.

Pendant que les autres rentrent à l’intérieur, je continue à discuter avec eux. Il faut dire que le Canada les attirent beaucoup. La première question est, bien sur, comment je suis rentré dans le pays, les citoyens canadiens ne pouvant rentrer en Iran qu’en passant par une agence (voyage organisé). Je leur explique que j’ai la double nationalité et ai utilisé mon passeport français. Et la deuxième question est, comment, eux, peuvent- ils y aller? question à laquelle, je ne peux malheureusement pas répondre. Par contre, je rencontrerais fréquemment des iraniens qui ont de la famille au Canada. Ils m’expliquent que la seul façon de pouvoir sortir, c’est d’abord d’avoir beaucoup d’argent, soit pour payer des études à l’étranger et y rester, soit en payant de fort bakchich pour obtenir un droit de sortie.

Nous parlons un bon moment en prenant le thé, chacun voulant m’inviter dans son village et j’aimerais tellement pouvoir dire oui.

Je fini par rentrer dans la salle de cérémonie où les hommes et les femmes sont séparés, chacun d’un côté et les mariés au centre. Tout le monde à mis ses plus beaux habits évidemment et les hommes et les femmes dansent chacun leur tour sur des airs traditionnels, superbe soirée.

Uraman Tacht

Le lendemain direction la vallée d’horaman et le village d’Uraman Takht, construit à flanc de montagne, les paysages sont magnifiques. Nous pique-niquons, sur un promontoire avec vue sur la vallée, d’un délicieux ragoût au poulet puis essayons de nous rendre, tant bien que mal, dans un petit village au coeur de la vallée qui organise son festival de la grenade. La grenade étant un des derniers fruits à mûrir, ils saluent ainsi la fin des récoltes. C’était vraiment chouette de voir ce village en liesse, malgré la pluie qui nous a surpris mais qui n’a pas duré. Et malgré, le bordel indescriptible de la circulation, dû au fait que le village est dans un cul-de-sac au fond de la vallée, qu’il n’y a aucun stationnement, créant des files immenses de voitures et de bus stationnant tout au long de la route, et du coup empêchant la circulation. C’était chaotique, long, bruyant, polluant, mais malgré tout , les iraniens restent assez zen et patients malgré l’attente, et malgré, même, certains accrochages entre voitures, les conducteurs regardant, résignés, la tôle froissée de leur char, se disant peut-être: ” au moins on a avancé !”. De par chez nous, les gens se serait probablement entretués, tenant plus à leur bagnoles qu’à leur propre vie.

Carlos et moi, décidons finalement, de partir le soir même, nous avons apprécié notre journée mais sommes moins sûr de vouloir en passer une autre avec Ramin que nous trouvons un peu trop control-freak et stressant.

Il est tard et l’oncle de Ramin nous ramène à Sanandaj à fond de train et de nuit (épeurant!). Si les iraniens sont tranquilles en général, ils lâchent leur fou sur les routes, conduites rapides, aucun respect de la signalisation et surtout, les dépassements, Ça, mes enfants, ça fait peur. Qu’il y est une double ligne blanche au centre, des virages en épingles, que l’on ne voit pas qui arrive de l’autre côté, peu importe, on double d’abord et après…Inchallah!

Mais bon, nous sommes toujours arrivés sain et sauf, Allah est grand!

Et malgré les talents de pilote de notre chauffeur, nous sommes trop tard pour le bus direct vers Ispahan, nous faisons le tour des comptoirs de bus et la seul option qui nous reste pour aller à Ispahan, c’est le bus de nuit jusqu’à Téhéran puis changement. 

Ispahan

Et donc, après 16 heures, nous voici à Ispahan, nous atterrissons dans un hôtel minable. On voulait le moins cher, ben c’est ça! C’est moche, glauque, sinistre et sale…mais c’est vraiment pas cher! Dans ces cas là, je m’arrange pour être dans l’hôtel juste pour dormir et ça passe.

Toujours est-il que nous arrivons affamés, et sitôt les sacs posés, nous courrons goûter une des spécialités de la ville, le byrian, plat composé de deux pains de viande, un de viande mouton et un de poumon de mouton, servi dans un galette de pain et un panier rempli d’herbes. Quand j’ai vu ça, j’ai rempli le pain d’herbes pensant enroulé le tout comme un wrap mais le serveur avait l’oeil sur moi et m’a arrêté avant l’irréparable, me montrant qu’il faut prendre un morceau de pain, attraper la viande avec et ajouter des herbes. Délicieux !

Nous déambulons dans les rues et le souk pour finir sur la magnifique place Naghsh-e Jahan, quintessence de l”architecture persane.

Carlos, trop sensible le petit, décide de changer de guesthouse pour la nuit suivante et nous nous retrouvons le lendemain pour un tour de la ville guidé. Amin nous emmène dans des coins moins connus et nous visitons notamment les lieux où sont réparés les fameux tapis d’iran. Tous les tapis fabriqués à la main, passent par un maître qui les inspecte , et si il y a des erreurs de dessin, de couleurs, de symétrie, ou autres, il sont réparés par des artisans, chacun ayant sa spécialité. Nous avons, évidemment, terminé dans le magasin du marchands de tapis, mais contrairement à d’autre pays, il n’y a absolument aucune pression pour acheter, il te donne leur carte et si tu es intéressé, tu reviens plus tard.

Grâce à un contact iranien de Carlos, nous retrouvons l’après-midi, Mahnaz, jeune pharmacienne ayant fait ses études à l’étranger et parlant très bien anglais et même un peu français.

Comme nous sommes affamés, elle nous emmène dans un resto réputé de Ispahan, le Shahrzad où se côtoie les touristes et la bonne société d’Ispahan. Dans une grande salle d’une autre époque faite d‘immenses vitraux et de miroirs, un peu bling-bling. Le service est un peu guindé et froid, mais grâce à notre hôte qui s’est chargé de nous faire goûter les meilleurs plats, nous nous régalons, d’abord du Khoresh-e-mast, une entrée fait de yogourt, de cou de mouton, de safran, de noix, de curcuma et de sucre, divin !

Suivi par un Khoresh-e-fesenjan, ragoût de poulet avec une sauce à la grenade et aux noix, mon coup de coeur ! Le tout accompagné de doogh à la menthe.

Nous sortons de là rassasiés et partons nous promener sur deux ponts célèbres qui enjambent la rivière Zayandeh ruh, Le Si-o-se Pol érigé en 1608 et le Pol-e-Khaju construit en 1650. Malheureusement le lit de la rivière est à sec depuis plusieurs années. Officiellement on accuse la sécheresse, mais il semble, en fait, que la rivière ait été détournée vers Yazd, ville natale de l’ancien président Mohammad Khatami et vers Kerman, ville natale de Hachemi Rafsandjani, autre président qui lui, possède des champs de pistaches qui en font un des premiers exportateurs du pays. Évidemment, cela enlève du charme au lieu, au grand dam des locaux, mais ces ponts restent magnifiques le soir venu et, en plus, les iraniens, s’y réunissent le soir pour chanter et dire des poèmes, activité normalement interdite par le régime, mais semble-t-il tolérée par les instances locales, bien que nous assistons à une altercation entre la police et une jeune fille qui s’apprêtait à chanter. On m’explique que la crainte des autorités, en fait, sont les gros attroupements, donc, tant que tu restes discret-ce pourquoi les gens vont sous les ponts-et les foules sont restreintes, on te laisse faire.

Nous terminons notre soirée en compagnie d’un couple d’australien rencontré pendant le tour guidé et, sur les conseils de l’auberge, allons déguster une glace au safran accompagné de faloodeh, des nouilles de riz trempés dans un sirop glacé et parfumé à l’eau de rose. Le tout arrosé d’un jus de citron. renversant !

 Varzaneh

Nous nous rendons le lendemain , aux portes du désert Dasht-e-Kavir, à Varzaneh, petit village sympathique où nous passons une nuit. Nous partons, le jour suivant, pour un tour vers le lac salé et le désert, suivi d’une nuit de camping dans le désert.

Nous rejoignons le lendemain Na’in pour attraper le bus pour Yazd.

Yazd

Cette ville sera mon coup de coeur de toutes celles visitées. Elle a gardé une grande authenticité. La vieille ville est tranquille, accueillante.Moi je n’ai qu’une envie, c’est de déambuler et de me perdre dans les ruelles, d’y découvrir un petit café avec terrasse et vue sur la ville, notamment Le Yazd Art House, le Café Nardoon et l’Iranian Old Café près de la grande mosquée, d’y déguster tranquillement un thé iranien à base de safran, de cardamome et d’eau de rose, ou un encas comme se divin ragoût d’aubergine, de jaser avec les habitants toujours curieux, toujours prêts à vous aider, vous renseigner.

Le soir, manger autour de Amir Chaghmagh, des kebabs d’abats de mouton, foie, rognons, coeur, cuit à la perfection.

D’ailleurs il n’est pas facile d’être végétarien en Iran, la population mange traditionnellement beaucoup de viande. Et si, en plus, t’aimes pas les aubergines, alors là, viens pas ici, tu vas être malheureux !

Hormuz

Nous recevons un message de Jozef qui se dirige vers le golfe persique et nous demande si ça nous tentent de le rejoindre. Ni une ni deux, et nous voilà dans le bus de nuit pour Bandar-Abbas. Nous arrivons au petit matin mais pas de nouvelle de Jozef, alors plutôt que d’attendre, nous prenons le prochain bateau pour Hormuz, petite île superbe avec ses beautés géologiques. Nous y passons deux nuits, puis je décide d’aller faire un tour sur l’île de Qeshm qui recèle d’autre beautés naturelles, Carlos lui file vers Shiraz. Et pas de nouvelles de Jozef.

 Qeshm

Malheureusement le temps ne sera pas avec moi et en plus une des attractions est fermée parce que nous sommes un jour férié. Mais je passe quand même une bonne journée goûtant un aspect différent de l’iran. 


J’hésite à passer une nuit sur l’île mais les choix de logement ne me satisfont guère, je trouve un bus de nuit direct pour Chiraz et m’en vais rejoindre Carlos.

Chiraz

Chiraz et sa mosquée rose, splendeur à admirer très tôt le matin, pour éviter la foule. 

Et Persépolis. J’étais pas très chaud pour y aller, mais finalement Carlos m’a convaincu de venir avec lui et nous voilà donc partis. D’abord on se retrouve avec un con de touriste, chialant sur tout (un français alors ?, ben non, même pas!) et en plus, comme je m’y attendais, je suis pas vraiment impressionné par le site et le peu de vestiges restants. Je crois qu’il faut être vraiment intéressé par l’histoire pour y trouver son compte et apprécier  la place. Heureusement notre guide est très connaissant du sujet et réponds avec pertinence à nos questions. 


Le soir Je dis adieu à mon mexicain basané, mais sans sombrero, (référence pour les plus vieux) qui s’en retourne à Mexico via l’Italie.

Monts Zagros

Moi, je pars le lendemain dans les monts Zagros en compagnie de Michael, jeune routard australien, que j’avais croisé déjà à deux reprises dans le pays, pour une randonnée superbe sur les sommets, suivi d’une nuit mouvementée avec les nomades. Nous pensions dormir dans la tente des nomades mais manque de place, nous nous sommes retrouvés à trois dans une tente cheap, qui à pris l’eau au beau milieu de la nuit.

Michael et moi aurions dû être fachés de l’organisation de merde de notre “guide” mais, finalement, à chaque réveil dans la nuit, et il furent nombreux, nous ne pûmes nous empêcher d’avoir des fous rires devant notre situation misérable. Vers 4 h du mat’, par contre, plus le choix, c’est le déluge et on s’en va se coller avec notre nouvelle famille. Trouvant ça, peut-être trop intime, le patriarche se lève et se barre avec ses moutons dans la montagne. Petit-déjeuner rapide et nous partons pour la grotte sacrée de Shahpur Sasani. La route pour s’y rendre est superbe et nous faisons de nombreux arrêts pour admirer le paysage. La grotte se situe dans les falaises 400 m au-dessus du village et la vue, là encore est splendide. Nous finissons notre journée par un véritable festin servi au Bishapur ecolodge du village. Le cadre, l’accueil fantastique du proprio, qui à tout construit lui-même, le repas délicieux suivi d’un petit concert de musique trad par le proprio, à la guitare et un des ses chums au Daf, tambour iranien, nous font oublier notre fatigue. Une famille iranienne se joint à nous pour la musique et une jeune fille nous fera le plaisir de chanter accompagnée du tambour, moment merveilleux !

Nous rentrons heureux mais crevés à l’auberge et nous nous payons le luxe d’une chambre privée avec deux grands lits pour une nuit de profond sommeil.

La plupart des gens rencontrés me disent que si j’ai aimé Yazd, je devrai aussi apprécier Kashan.

Kashan

Et donc, me voici, aux petites heures du matin frappant à la porte du Sana Historical hostel, en compagnie de deux allemands, arrivés eux par train. Ne pouvant nous donner nos chambres si tôt, il nous emmène sur le toit et avec deux matelas et quelques couvertures nous finissons notre nuit sous les étoiles et réveillés par les premiers rayons de soleil.

En me promenant dans le souk , je m’arrête prendre un thé dans une petite place et sympathise avec le proprio, Peyman. Je lui demande s’il connaît un moyen pour monter sur les toits pour avoir une belle vue sur la ville. Il me fait un grand sourire et me demande de revenir vers 16h. Peyman tient un café mais aussi un magasin de tapis dans le souk appartenant à sa famille depuis plusieurs générations, C’est vous dire s’il connaît la place et qu’il à LA clé qui ouvre la bonne porte. Et donc, juste avant le coucher du soleil, je suis Peyman dans les dédales du souk, jusqu’à une porte dérobée, qui nous emmène par d’étroits escaliers sur les toits du souk.

Je pars le lendemain pour aller voir le lac salé de Namak à quelques 80 kilomètres de Kashan. Il est encore plus impressionnant que celui proche de Varnazeh et j’aurais aimer y passer des heures et voir le coucher de soleil mais nous devons rentrer.

Je reste encore une journée à faire le tour de la ville. Il me reste seulement quelques jours dans ce merveilleux pays et ne voulant pas courir ailleurs, seulement me reposer et prendre le temps, j’hésite entre retourner chez Anita et Milad ou passer le reste du temps à Yazd. Finalement, au dernier moment je saute dans le bus pour Yazd, et après une nuit dans une guesthouse banale, je me trouve une maison traditionnelle transformée en hôtel pour les nuits restantes.

La place est belle, tranquille, confortable, parfait pour finir mon séjour dans ce pays admirable qui mérite infiniment qu’on s’y attarde, ou l’on finit par s’attacher tant l’accueil des iraniens est chaleureux et généreux, heureux de nous faire découvrir leur culture millénaire et leur pays si souvent décrié à l’international. Le peuple, comme toujours, subit son gouvernement et, la plupart du temps fait avec, mais on sent clairement une volonté folle de la majorité de vouloir sortir du carcan islamique. L’iran est un pays moderne avec de nombreuses industries, avec un très fort taux de gens instruits et la transition démocratique pourrait probablement se faire sans heurts. Je leur souhaite de tout cœur un avenir meilleur et la fin de cette embargo inutile.

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