Norvège-Août 2018

En route vers le pays des viking.

Ayant pris mon billet un peu au dernier moment, je l’ai payé un peu plus cher, mais l’avantage est que je me retrouve en classe affaires, ce qui n’empêche pas les retards au décollage d’ailleurs et donc, de louper ma connexion à Oslo et de devoir attendre le prochain vol!

Mais bon, je me retrouve donc en classe affaires, disais-je, et, ai (Héhé!) donc droit à 2 fois 23 kg. Pourquoi avantageux? parce que le coût de la vie étant très élevé, j’ai pu acheter pour 20 kg de bouffe en France et les mettre dans la soute en plus de mon sac.

Mais , holà là, ne nous réjouissons pas trop vite, tu te penses privilégié mon Steph parce que t’es en business. Ben tiens, dans ta gueule! J’arrive à Trondheim, pas de bagages. Je file au guichet des réclamations, pas de chance, déjà 4 pélots qui font la queue, et l’agence de location ferme dans une heure. Je patiente impatiemment, fini par avoir mon bout de papier et la promesse que oui, bien sûr monsieur, nous allons faire notre possible, bla, bla, bla.

Heureusement le gars de l’agence est vraiment sympa et me dit qu’il va m’attendre sans problème et je peux donc récupérer ma voiture en fin de soirée. MAIS OÙ ALLER? l’idée étant que j’ai loué un break pour pouvoir dormir dedans et tout mon stock est quelque part entre Francfort et Oslo. Il est déjà tard et les deux ou trois auberges de jeunesse du patelin sont pleines. Finalement je dégote un motel entre la ville et l’aéroport. Motel-camping moche et glauque, avec carcasse de voiture derrière la bâtisse et trois chèvres en charge de tondre le gazon.

Au réveil, le message tant attendu, vos bagages sont dans le vol pour Trondheim arrivant à 10h40. Youpi! Je suis devant le tapis roulant à l’heure dites et…rien, que dalle! Pas de place dans l’avion à ce qui paraît.

Et ça prendra finalement quatre jours, quatre jours pour avoir mon stock et pouvoir crisser mon camp. Raison invoquée: la Norvège est probablement le seul pays avec des douanes internes. Si tu arrives à Oslo et que tu vas dans une autre ville norvégienne, tes bagages doivent repasser la douane. Et comme ce sont des fonctionnaires, on s’entend qu’ils ne sont pas vite, les maudits!

Et si parmi mes connaissances, il y a des fonctionnaires…vous êtes excusés.

Lundi 6 août

Enfin le voyage commence, je roule tranquillement sur la route 17 depuis Steinkjer. Cette route est un grand détour pour se rendre à Bodø mais qui en vaut vraiment la peine. Les paysages sont magnifiques, en commençant par des prairies et collines vertes pour ensuite continuer au milieu des fjords. Il faut prendre 6 traversiers pour passer d’une île à l’autre, des fois distantes de seulement quelques kilomètres.

3 jours pour faire les 600 kilomètres, profiter du beau temps, monter en haut de Heilhornet, et admirer le paysage.

J’arrive à Bodo vers 16 heures mais le traversier est seulement 3 heures plus tard. N’ayant pas envie d’attendre, je quitte le port et me trouve un petit coin tranquille à vingt minutes de la ville pour passer la nuit. Petite randonnée autour du lac Steigtinvatnet. Souper sur le sommet avec vue sur la mer, bonheur!

Quelques chalets éparpillés le long du lac, seulement accessibles à pied, tranquillité assurée.

Jeudi 09 août

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Vue des Lofoten depuis le traversier

Lever tôt le lendemain pour attraper le bateau de 6 heures. 3h30 de traversée sous un ciel bas et gris pour arriver à Moskenes. Le temps est à la pluie alors je roule jusqu’au village le plus au sud des Lofoten: Å  (prononcez ô), petit village de pêcheurs un peu touristique mais qui a quand même un certain charme. Après une petite sieste pour laisser passer le gros de la pluie, je m’y promène. Peu de monde, heureusement, et le resto du coin offre quelques plats locaux, notamment une très bonne lotte comme plat du jour.

Le problème, c’est où installer mon char pour la nuit, la seule option semble-t-il est le stationnement principal, mais en marchant, je note qu’il y a un chemin à gauche de l’entrée du camping (entrée avec barrière), qui monte vers un promontoire de quelques places et qui redescend…vers le camping. Je me doute bien qu’il y a de fortes chances que cela fasse partie du camping, mais je tente ma chance et viens discrètement me stationner face à la mer et les rochers. Il est autour de 15 heures alors je continue ma balade dans le village et les alentours, et reviens m’installer vers 18h30. Quelques heures plus tard, je suis pratiquement couché, sûr de ne plus être repéré à cette heure ci quand…toc,toc,toc. « Bonsoir monsieur, il faut vous enregistrer, c’est 220 kr pour la nuit ». Moi, avec mon air le plus innocent: « mais voyons donc madame, comment !? est-ce possible! Je suis sur le terrain du camping?! Vraiment!? ». La dame en question n’a même pas eu besoin de répondre, j’ai compris à son air (« ben oui ducon, t’es juste le 300ème cette saison à t’essayer ») que je devais soit payer, soit partir…et j’ai donc passé la nuit avec le reste du troupeau sur le stationnement municipal.

Vendredi 10 août

Surprise au lever, le soleil est de la partie. Les prédictions étaient plutôt mauvaises, alors ni une ni deux, je saute dans mon short et mes bottes, consulte le site Rando-Lofoten.net pour trouver une randonnée dans le coin et jette mon dévolue sur le sommet de Munkan, une des ballades les plus réputées des Lofoten.

Et quelle rando! De toute beauté. Nous sommes à 800 m au-dessus de la mer et pourtant, on a la sensation d’être en haute montagne, la vue sur les lacs puis sur la baie de Reinefjord est tout simplement époustouflante. Pour une première sortie, j’en prends plein les yeux.

Samedi 11 août

Petite journée maussade aujourd’hui, je traine dans le village de Reine, suis tenté encore une fois de plus d’aller au resto mais, à chaque fois les prix étant prohibitifs, je remets ça à plus tard.  

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Village de Reine

Le site de Rando-lofoten étant tellement bien fait, je décide d’aller m’acheter le livre. Cela me fait plaisir de les supporter vu l’excellent travail qu’ils font pour promouvoir la rando.

Je me rends donc à la librairie de Leknes et en profite pour faire quelques courses. Ayant assez de nourriture dans mon char, les quelques courses consistent en général à trouver les IPA locales…

Après consultation de ma nouvelle bible, et le temps s’améliorant légèrement, je monte le sommet de Holandsmelen. Après 200 ou 300 mètres de dénivelé , je suis rapidement dans les nuages et aperçoit furtivement la vallée de temps à autre. Je reste quelque temps au sommet profitant des quelques fenêtres qui s’offrent à moi.

Je passe la nuit au bord de la plage, immense et vide, à part quelques mouettes et trois, quatre pies huitrières.

Dimanche 12 août

Journée pluvieuse de bord en bord, retour à Leknes ou je passe la journée au Kaffe Huset, sympathique endroit plein de bonnes pâtisseries et sandwichs, à classer mes photos.

Lundi 13 août

Je retourne sur mes pas aujourd’hui, au nord l’île de Moskenesøya, pour ma première rando de la journée, le sommet de Narvtinden. Je commence ma marche sous une petite bruine froide, la vue sur le lac Solbjornvatnet est superbe, mais c’est un peu après que le challenge commence, une montée raide sur l’arête de la montagne. Un 400 mètres de dénivelé intense pour atteindre le sommet. Malheureusement, à cette altitude, je suis dans les nuages et ne peux profiter de la vue. Je patiente une demi-heure, mais en vain. Je redescends tranquillement sur la pente glissante et retourne à la voiture me changer et me faire un thé bien chaud.

Étape suivante, le petit village perdu de Nesland à la pointe sud de l’île de Flakstadøya.

Après un bon repas chaud, je pars pour une virée de deux heures le long de la côte jusqu’au village de Nusfjord. Ancien village de pêcheurs, c’est maintenant devenu un site classé et assez touristique. Il y a quelques belles maisons et l’atmosphère est agréable. Le resto et le bar ouvert tard ont l’air fort sympathique mais je dois retourner à ma voiture avant la nuit.

Mardi 14 août

Le petit stationnement au bout de la route était parfait pour passer une nuit tranquille, il y a en plus une toilette assez grande pour pouvoir me laver.

En Norvège, non seulement il y a des toilettes installées un peu partout le long des routes et dans les villages, mais elles sont en plus, le plus souvent, d’une grande propreté. Malgré ça il y a quand même de nombreux dégueulasses qui se soulagent n’importe où, laissant leur papier à la vue de tout le monde. Je n’arrive pas à comprendre comment des gens peuvent penser qu’ils peuvent laisser leurs déchets, organiques ou autres, au milieu de la nature, sans voir qu’ils polluent, non seulement écologiquement mais d’abord visuellement.Tu le voies bien, Ô toi touriste inculte et barbare que ton papier, mégots, emballage, pelure d’orange, coquille d’oeufs, etc, ne vont pas dans le décor, alors bon sang, un effort MEEEERDE.

Enfin, on ne dit pas merde, on dit, un effort s’il vous plaît, avec un grand sourire, et on leur explique pour la centième fois le principe du “leave no trace -sans trace” et patati patata.

Même si pour moi c’est très, très dur, parce que j’aurais plutôt tendance à vouloir les étrangler d’abord, et leur expliquer ensuite. Ce qui, vous me direz, est complètement idiot et contre les principes que je viens d’évoquer, puisque, à mon tour je me retrouve avec un déchet sur les bras.

-Et Dieu sait que ça doit être long un touriste à se décomposer!

-Mais, avec un peu de chance, y va être mangé par un orignal, un ours ou, je sais pas moi, un lapin.

– Ouais mais, ça manges-tu de la junk, tu crois, ces animaux là?

-Ha ben non!

-hé ben voilà!

Ceci étant dit, le sommet du jour sera Hestræva sur l’île de Flakstadøya. Forêt de bouleaux, puis sommet complètement dénudé, avec vue sur le fjord de Flakstad. Je remplis mon petit sac de bleuets au retour et continue ma route sur l’île vers le petit village de Vikten, célèbre pour son souffleur de verre. L’atelier est complètement ouvert et on peut voir l’artiste au travail. Le café en face est vraiment agréable avec ses petites pièces en hauteur et face à la mer.

Je me trouve un spot pour dormir assez tôt car demain est annoncé une belle matinée.

Mercredi 15 août

J’ouvre l’oeil vers 5 heures et le beau temps est au rendez-vous. Petit-dèj’ copieux et je roule jusqu’au départ du sentier. Pas un chat, évidemment, à cette heure ci. Et pourtant,  chaque fois je regrette de me lever si “tard” et de manquer la lumière du matin. Mais, putain, lever du soleil à 4 heures, ça veut dire départ 2 ou 3 heures avant si je veux être au sommet à temps…pas capable. Et en plus, je dors pas si mal dans mon “break” (station wagon), juste la place pour m’allonger et mon dos, qui me fait tant souffrir habituellement, lui aussi me donne un break, pouf-pouf!

Donc sommet Himmeltindan ce matin, le “sommet du ciel”. Montée abrupte, encore une fois, mais arrivée au sommet pour un sublime 360° sur l’île de Vestvågøy. Je ne sais pourquoi, mais le fait de partir du niveau de la mer, au point 0, décuple le plaisir. On tourne la tête et on peut voir chaque mètre accumulé. Petit vent frais au sommet, je reste une bonne heure à admirer la vue et redescend vers la voiture croisant de nombreux randonneurs dont deux Norvégiens avec qui je discute un peu et qui m’annoncent, qu’aujourd’hui, est le dernier jour de l’été…

Effectivement les prédictions pour les jours suivants ne sont pas vargeuses et les températures vont descendre de quelques degrés.

Alors profitons au max de cette belle journée!

Je passe du nord au sud de l’île pour me rendre à Stamsund et faire la boucle de Steinetinden. Une suite de sommets avec des passages vertigineux tout à fait incroyables. Je finis la journée sur les genoux et me trouve rapidement un coin pour dormir.

Jeudi et vendredi 16 et 17 août

Journée de repos et de pluie intermittente, je me promène dans les villages de Henningsvær et Kabelvag et remonte tranquillement vers le nord.

Je monte le lendemain au nord de l’île d‘Austvågøya pour une nouvelle rando mais la température se dégrade rapidement et le charmant café Kean beans sur le quai du village de Laukvik me fait de l’oeil. J’y passe une partie de la matinée attendant une éclaircie pour me promener autour du village et de ces énormes supports pour faire sécher la morue au printemps.

Samedi 18 août au Lundi 20 août

D’après le guide du routard, le petit village de pêcheurs de Nyksund, dans les Vesterålen, serait à voir. Je décide d’y aller faire un tour, un gros détour en fait, pour une grosse déception. Le village est peu intéressant et pas très beau, c’est à se demander s’ils ont vraiment été avant d’en parler.

Je quitte les îles Vesterålen pour celle de Senja où je me trouve une cabine dans le village de Skatvik. Quelques maisons perdues au bout d’une route, parfait pour passer 2 jours tranquilles, dans un lit, avec un frigo( haaa! boire ma bière fraîche, enfin), de quoi cuisiner, l’gros luxe!

Oui le luxe, parce que même une cabine basique au fond d’un trou, coûte assez cher malgré tout, 350 nok la nuit (35€ ou 54 cad).

J’hésites à monter plus au nord vers Alta et le Finnmark, mais c’est encore beaucoup de route et ,encore plus de route au retour, entre 1500 et 1800 km. Il faut savoir qu’il n’y a pas d’autoroute à proprement parlé dans ce coin de la Norvège. L‘Euro-route est en fait une nationale, limitée à 80 km/h avec beaucoup de virages, et de villages à traverser, avec une limite de 60 voire 40 km/h.

Mardi 21 août au Jeudi 23 août

Donc direction Trondheim par l’E6. 1100 km en trois jours. De nombreux arrêts photos, quelques promenades et cueillettes de bleuets, mes premiers rennes, re-passage du cercle polaire. Montagnes, plateaux arides et rocailleux, rivières magnifiques. la route est très agréable.

Au matin du 23, approchant de Trondheim, je fais une pause pour planifier le reste de mon séjour. Je jette mon dévolu sur Alesund et L’île de Runde.

La ville d’Alesund est très sympa. Le vieux quartier autour du canal est très joli. Grande bâtisse de couleur et café agréable où il fait bon traîner en attendant la fin de la pluie.

Je termine ma journée par une rando au sommet de Sulabakkhornet et file, vers 22 heures prendre le ferry pour Hareid.

Vendredi 24 août

Arrivée au petit matin sur l’île de Runde. Le temps est maussade et pluvieux mais je décide de partir randonner quand même. L’île est réputée pour les colonies d’oiseaux qui viennent nicher pour l’été. Notamment les fous de Bassan et les macareux. Je ne serais pas déçu avec les fous où la colonie est toujours là avec les jeunes couverts de duvet. Par contre, grosse déception à l’autre bout de l’île, les macareux sont déjà repartis, misère. Ce sera pour une prochaine fois, et pour me consoler, deux aigles à queue blanche virevoltent au-dessus, quel spectacle!

Et en plus le temps s’est grandement amélioré et je finis ma balade sous un ciel magnifique.

Samedi 25 août

Pour mes derniers jours, je roule vers le fjord de Storfjorden. Traversée par la route 15 et surtout 258, magnifique route en lacets avec vue à couper le souffle, qui monte vers un plateau rocailleux et des sommets enneigés, puis redescend vers le village de Grotli et ses maisons en bois et leur toits végétaux.

La descente vers Geiranger est tout aussi vertigineuse, par contre le village lui-même est sans intérêt. Je sors rapidement et me trouve une place au bord de l’eau pour mon dîner puis pars pour une petite rando avec vue sur le fjord.

Dimanche 26 août

Dernière journée avant de rentrer à Trondheim, je dois faire le plein d’air frais et m’en mettre plein les yeux encore une fois. Je suis dans le parc de Reinheimen national park. Première rando, tôt le matin, en direction du mont Bispen. Par chance je suis un groupe qui s’engage sur un pierrier sur le côté ouest de la montagne, le long du lac Bispevatnet (non indiqué sur la carte). Aucun sentier, impossible de savoir que l’on peut passer par là, mais quelle vue entre d’immenses pics rocheux.

Je suis de retour vers midi et passe directement de l’autre côté de la vallée pour un 10 km aller-retour vers un petit cirque et le lac Stabbeskaret à  travers d’immenses pierriers.

Retour à la voiture crevé mais rassasié.

Paysages variés, mers, montagnes, plateaux rocheux, vertes vallées, fjords gigantesques, routes vertigineuses. Pays d’arc-en-ciel. La Norvège est un paradis pour les amoureux de la nature. Les îles Lofoten ont été une découverte et un véritable coup de coeur. Je n’ai plus qu’un souhait , revenir et aller en Laponie l’hiver pour voir les aurores boréales.

 

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